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Logement : quand les patrons basques construisent pour recruter leurs salariés
Rédigé par Maeva FLORICOURT le 22 mai 2024
Face à la crise du logement qui sévit au Pays basque, des chefs d’entreprise locaux ont trouvé une alternative audacieuse pour attirer et retenir les talents : investir dans la construction de logements destinés aux employés. Cette approche innovante permet non seulement de pallier le manque de logements constaté sur le territoire basque, mais aussi de renforcer l’attractivité des entreprises auprès des candidats potentiels.
Reprendre les rênes face au défi du Logement au Pays basque
Construire pour recruter, c’est l’initiative prise par des dirigeants basques. En cause ? De nombreuses offres d’emploi refusées à cause de la difficulté des candidats à trouver un logement. Deux raisons expliquent cette pénurie d’offres : l’explosion des locations meublées touristiques et un prix de l’immobilier qui ne cesse d’accroître.
Pour pallier cette problématique, des chefs d’entreprise ont décidé de lancer leurs propres projets immobiliers. Leur but ? Attirer des candidats qualifiés. Pour ce faire, plusieurs projets sont en cours, dont un à Cambo-les-Bains, porté par Peio Etxeleku, dirigeant de la fromagerie Agour, à Hélette. Ici, une ferme rénovée est sur le point d’ouvrir ses portes à 15 ou 20 locataires. 5 appartements et un espace partagé vont être construits. 1 million € et 3 ans de travail ont été investis dans ce projet qui s’étendra sur 800 m² et 2 niveaux. Les loyers proposés seront 25 à 30 % moins élevés que la moyenne du marché.
D’autres initiatives basques en préparation
Deux autres projets de réhabilitation et de création de logements, portés par Peio Etxeleku et dix autres chefs d’entreprises sont également en phase de test dans la région. Ceux-ci devront permettre la mise en location de 11 logements à l’intérieur des terres basques.
En effet, la situation basque nécessite des solutions à moyen terme. Le taux de chômage sur ce territoire atteint 5,7 %. Selon la Chambre de commerce et d’industrie, parmi les postes à pourvoir, 32 % sont proposés sous forme de contrats temporaires, tandis que 42 % sont des contrats à durée indéterminée. La pénurie de logements impacte donc directement l’économie basque.
Une autre solution est également proposée par In’ li Sud Ouest, filiale d’Action Logement. Il s’agit d’un programme de « para-hôtellerie ». Celui-ci vise spécifiquement les saisonniers, les intérimaires ou les personnes en formation. Ce projet de 147 logements verra le jour au printemps prochain et permettra d’accueillir annuellement au moins 200 locataires. Il s’adressera aux salariés temporaires des entreprises locales, dont Dassault Aviation.
Le projet immobilier Marienia de Cambo-les-Bains est loin de faire l’unanimité. Des opposants ont bruyamment manifesté leur rejet lors d’une séance du Conseil municipal de Cambo-les-Bains, le 10 avril dernier. Le maire, Christian Devèze, a fait une chute lors de cette bousculade. Celui-ci a refusé de condamner les manifestants, ce qui a entraîné sa demande d’éviction de la part des élus du pôle Errobi. Une décision qui a été rendue officielle le 15 mai.
Le fléau de la prolifération des meublés de tourisme au Pays basque
Le Pays basque connaît depuis plusieurs années une importante conversion des logements résidentiels en hébergements touristiques, phénomène qui a soulevé de vives inquiétudes parmi les résidents locaux et les autorités. Pour éradiquer ce phénomène, une mesure a été adoptée l’année dernière : la règle de compensation des meublés touristiques. Elle a été appliquée dans 24 communes du Pays basque et ses effets sont palpables. La transformation des locations meublées de tourisme a été drastiquement réduite, avec une chute de 92 % des autorisations de changement d’usage.
Pour autant, la FNAIM critique cette mesure, prétextant que la majorité des propriétaires conservent leurs biens pour un usage personnel, particulièrement pendant l’été, ce qui entraîne une pénurie de logements disponibles à l’année pour les résidents. De plus, environ 10 000 autorisations sont toujours en suspens et il faudra attendre jusqu’en 2026 pour évaluer pleinement l’impact de cette règle sur le marché immobilier. Dans ce contexte, la FNAIM espère une révision de la politique pour encourager les locations longue durée.
En parallèle, depuis 2019, on observe une hausse moyenne de 35 % du prix de la pierre au mètre carré au Pays basque. La saturation du marché immobilier y est particulièrement importante. Cette situation est en partie due à l’escalade de 130 % du nombre de locations meublées touristiques entre 2016 et 2020. Sur une période de cinq ans, le volume d’annonces actives a grimpé de 7 150 à plus de 16 000, d’après les données communiquées par la Communauté d’Agglomération du Pays Basque.
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