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DPE : flambée des tarifs, calendrier d’interdiction de location, à quoi s’attendre en 2025 ?
Rédigé par Maeva FLORICOURT le 13 février 2025
Décarboner l’habitat : l’objectif du gouvernement est le même depuis une dizaine d’années. Et collectivités, bailleurs, propriétaires, locataires, constructeurs, chaque acteur y joue son rôle. Dans ce programme bien ficelé, le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) a un rôle central. En 2025, le DPE ne se contente plus de mesurer la consommation d’énergie d’un bien : il est le pivot incontournable de la transition énergétique. Pour autant, entre la hausse de son prix et la sortie progressive des passoires thermiques du marché locatif, cet outil a mauvaise presse auprès des propriétaires.
La flambée du prix des DPE
Une étude récente menée par Kiwidiag, diagnostiqueur énergétique, a mis en lumière la forte augmentation du prix du diagnostic de performance énergétique (DPE) sur la période du 1ᵉʳ décembre 2023 au 30 novembre 2024. Durant cette période, 4,1 millions de DPE ont été réalisés, soit une hausse de 6,5 % par rapport aux 3,85 millions de l’année précédente. À noter que l’étude se concentre uniquement sur les DPE réalisés pour des appartements 3 pièces (60–90 m²) et des maisons (90–120 m²).
Concrètement, selon les chiffres de Kiwidiag :
- Pour un appartement de trois pièces, le tarif moyen a bondi de 4,82 % en passant de 172,33 € en 2023 à 180,54 € fin 2024.
- Pour une maison individuelle, la hausse est encore plus marquée, avec un passage de 190,97 € à 202,97 €, soit une augmentation de 6,28 % sur une seule année.
Des disparités régionales viennent accentuer cette tendance : alors que certains départements affichent des tarifs avoisinant les 243 €, d’autres se positionnent autour de 139 €.
Alors pourquoi ces augmentations ? Principalement, à cause du renforcement de la réglementation autour du DPE. Les diagnostiqueurs doivent désormais suivre des formations plus poussées, obtenir des certifications renforcées et investir dans des outils performants pour garantir la précision des données. D’autant plus depuis que le DPE est devenu opposable. Autant de contraintes qui se traduisent par une hausse des coûts pour les particuliers.
Des restrictions locatives pour les logements énergivores
Parallèlement à cette hausse des tarifs, d’autres contraintes freinent les bailleurs. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, les logements notés G sur le DPE ne peuvent plus faire l’objet d’un nouveau contrat de bail. Cette mesure vise à éliminer progressivement les passoires énergétiques du marché locatif et à inciter les propriétaires à entreprendre des travaux de rénovation énergétique.
Pour les baux en cours, la situation reste nuancée : si le locataire n’a pas encore donné son préavis, le logement peut continuer à être loué, mais uniquement jusqu’à la date anniversaire du contrat. Une fois le bail renouvelé, le propriétaire se trouve dans l’obligation de mettre son bien en conformité ou de le retirer du marché locatif. En cas de non-respect de ces dispositions, des recours judiciaires peuvent être engagés par les locataires pouvant aboutir à une baisse ou une suspension temporaire du loyer le temps que les travaux nécessaires soient effectués.
Ce contexte juridique pousse certains propriétaires à envisager d’importantes rénovations. Dans le secteur locatif privé, environ 600 000 logements sont concernés par la réglementation sur les biens classés G, et les coûts moyens de rénovation se chiffrent autour de 40 000 €, selon la FNAIM. Pour ceux qui possèdent des biens classés F ou encore moins performants, les échéances se rapprochent : l’interdiction de mise en location des logements notés F est programmée pour 2028, tandis que celle des biens notés E devrait intervenir en 2034.
Un marché locatif en pleine mutation
Si la réglementation semble clairement vouloir inciter à la rénovation, l’application concrète de ces mesures sur le marché locatif est plus contrastée. Notamment dans les grandes métropoles, l’obligation de publication du DPE dans les annonces immobilières peine encore à être respectée. Par exemple, selon une étude SeLoger, dans la capitale, 35 % des annonces de location affichent des absences de DPE, et 4,7 % concernent des biens classés G. À l’échelle nationale, malgré une nette amélioration par rapport aux 37 % d’annonces non conformes observées en 2021, près de 18 % des annonces ne renseignent toujours pas ce diagnostic indispensable.
La transformation du parc immobilier : entre urgence et opportunité
Au-delà des enjeux tarifaires et réglementaires, le DPE joue un rôle central dans la transition énergétique du parc immobilier français. Depuis l’entrée en vigueur de l’obligation de publication du DPE en 2021, de nombreux propriétaires ont été incités à rénover leurs biens. Entre 2020 et 2024, on estime qu’environ 2,44 millions de logements ont bénéficié de travaux de rénovation énergétique, une donnée qui illustre la prise de conscience progressive des enjeux environnementaux.
Toutefois, malgré ces avancées, la transition reste inégale. Pour certains propriétaires, surtout ceux dont les biens se situent dans des copropriétés où des travaux collectifs sont nécessaires, la réalisation de rénovations peut s’avérer complexe. Des situations conflictuelles, où un changement de chaudière ou l’amélioration de l’isolation ne peut être réalisé sans l’accord des autres copropriétaires, témoignent de la réalité parfois difficile de l’application des normes énergétiques. Autrement dit, la décarbonation du Logement est un chantier toujours aussi complexe en 2025.
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Nos sources
Kiwidiag, Étude « Quel est le prix du DPE en 2025 »
Ministère Aménagement du Territoire Transition Écologique, Diagnostic de performance énergétique – DPE