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Piratage informatique : les achats immobiliers dans le viseur des hackers
Rédigé par Emilie Gardes le 28 décembre 2022
Relu et validé par Alexandre BERGES
Les offices notariaux sont de plus en plus victimes de cyber-attaques lors des transactions immobilières. Les escroqueries reposent essentiellement sur des RIB frauduleux.
Alors que le globe avait déjà bien amorcé son virage digital depuis quelques années, les échanges dématérialisés ont connu un essor sans pareil lors de la pandémie Covid 19. Un accroissement qui s’est inscrit dans la durée et n’a pas désempli avec l’endiguement de la crise sanitaire. De quoi fortement appâter les hackers dont Internet et l’informatique constituent le vaste terrain de jeu criminel. Après les transferts bancaires et monétaires, leur cible se porte désormais sur les achats immobiliers.
Depuis plusieurs mois, les études notariales sont victimes de cyber-attaques, portant majoritairement sur des escroqueries autour du relevé d’identité bancaire (RIB). En effet, le cadre réglementaire impose depuis 2015 que soient envoyées par virement bancaire toutes les sommes de plus de 3 000 € collectées par les notaires. Il est ainsi monnaie courante que ces derniers transmettent, par email, à leur clients, leur RIB.
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De faux mails de notaires énonçant un « problème de RIB »
L’usurpation virtuelle de l’identité des notaires est la tactique la plus fréquente des pirates informatiques pour tenter de court-circuiter les transactions immobilières. Ils interceptent les communications dématérialisées que les juristes assermentés entretiennent avec leurs clients et sont, ainsi, informés des appels de fonds qui vont avoir lieu. Pour dérober l’argent sur le point d’être envoyé, leur frauduleux mode opératoire repose sur la création d’une adresse email détournée. Evidemment, cette dernière ressemble très étroitement à celles utilisées par les notaires afin de créer la confusion. Elle ne diffère habituellement que d’une lettre ou d’un chiffre.
Les hackers contactent ensuite directement par mail les acheteurs en empruntant le nom des professionnels. Un procédé qui se déroule généralement avant la signature d’un acte authentique de vente ou juste après. Ils indiquent alors aux clients qu’ils semblent rencontrer « un problème de RIB » et en fournissent un nouveau aux acquéreurs, fléchant vers un compte offshore et clandestin qui leur appartient.
Comment reconnaître un pirate informatique ?
Pour les acheteurs immobiliers, recevoir ce genre de messages administratifs présentant un « problème de RIB » ne met pas forcément la puce à l’oreille. En effet, que pourrait-il y avoir d’inquiétant quand on échange déjà depuis plusieurs mois avec son notaire par voie digitale ? La méfiance doit néanmoins rester de mise, surtout lorsque l’on considère que les attaques phishing ont augmenté de 61 % en 2022.
Plusieurs signes, ou indicateurs informels, permettent de se questionner afin d’identifier la potentielle manœuvre illicite d’un pirate :
- Des fautes d’orthographe sont commises dans le message ;
- La syntaxe et certaines tournures de phrases apparaissent étranges, comme une mauvaise traduction française par exemple ;
- Les images du mail ou la signature virtuelle sont pixellisées ou comportent des défauts ;
- Le nom de domaine présent dans l’adresse email (entre l’arobase et le .fr ou .com) ne correspond pas au nom de l’office notarial.
L’importance d’agir au plus vite
En cas de doute sur l’intégrité et la bonne provenance d’un message administratif dématérialisé, le mieux est de contacter directement son étude notariale pour vérifier la véracité de la missive. Par téléphone ou en se rendant physiquement sur place afin de ne pas faire, à nouveau, le jeu d’un hacker.
Si le mal vient à être commis et que de l’argent a été envoyé au pirate informatique, une réaction rapide permet de bloquer le transfert avant qu’il n’arrive sur le compte de l’escroc. Ce qui est, la plupart du temps, le cas en France. L’Hexagone est très sensibilisé au sujet et les virements suspects sont immédiatement pointés du doigt pour être interrompus.
Toutefois, la vigilance ne doit pas être remisée. Il arrive parfois que certaines opérations frauduleuses ne soient pas identifiées ou le soient trop tardivement. L’argent s’envole alors dans la nature sans possibilité de restitution pour le client arnaqué. On recense à ce jour en France seulement quelques dizaines d’escroqueries avec lourdes pertes avérées sur la pan des transactions immobilières. Les tentatives qui ont échoué ne sont pas comptabilisées alors que, pourtant, le phénomène ne cesse de s’amplifier.
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