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La décarbonation du logement neuf : un enjeu clé pour l’avenir
Rédigé par Maeva FLORICOURT le 03 octobre 2024
Le secteur immobilier représente plus de 25 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Un chiffre qui place le secteur au cœur des préoccupations en matière de décarbonation. De fait, le pays s’est fixé un objectif ambitieux : atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 grâce au projet Énergie Climat et le logement neuf se positionne comme un acteur clé de cette révolution verte. Mais comment ces nouvelles constructions contribuent-elles réellement à la décarbonation ?
Les matériaux bas carbone : une priorité
Réduire l’empreinte carbone des logements neufs passe avant tout par l’utilisation de matériaux écoresponsables. Le gros œuvre d’un bâtiment représente la majeure partie des émissions de CO2. Les constructeurs se tournent donc vers des alternatives plus vertes : bois, béton de chanvre et isolants biosourcés comme la paille ou le liège. L’exemple du programme Elan’C à Stains, en Seine–Saint-Denis, illustre cette tendance : les 105 logements du projet ont été construits exclusivement à partir de matériaux recyclés et réemployés.
La surélévation ou construire sans étendre les villes
À Paris, on estime que 40 000 logements pourraient être créés grâce à la surélévation, une méthode qui consiste à ajouter des étages à des bâtiments existants. À Nice, ce chiffre diminue, tout en restant prometteur : 5 000 bâtiments seraient aptes à la surélévation, soit jusqu’à 8 000 nouveaux logements. Face à la pénurie de terrains constructibles dans les zones urbaines, la surélévation solutionne un problème de taille : l’étalement urbain et l’artificialisation des sols.
Gabriel Attal avait, en effet, proposé cette solution pour lutter contre la crise du Logement. Seul hic : tous les bâtiments ne sont pas « techniquement surélevables ». Seulement 3 à 5 % des immeubles seraient aujourd’hui éligibles à ce procédé, ce qui représenterait des milliers de nouveaux logements. Sans être une solution miracle, la surélévation est néanmoins une option qui maximiserait l’utilisation de l’espace urbain tout en préservant le tissu urbain existant. Elle pourrait également être le déclencheur de travaux en matière de rénovation énergétique sur les toits des bâtiments concernés.
Transformer des bureaux en logements : une nouvelle vie pour l’immobilier tertiaire
Autre axe de décarbonation, la transformation d’anciens bureaux en logements. Ce procédé connaît un essor, notamment grâce à la proposition de loi du député Romain Daubié adoptée par le Sénat en mai dernier. L’objectif ici est le même que pour la surélévation : réutiliser des infrastructures existantes et réduire l’empreinte carbone liée à la construction. Pour cause, l’Île-de-France compte près de 5 millions de m² vides. C’est dans ce contexte que l’ancien ministre du Logement, Guillaume Kasbarian a porté l’idée de la « sobriété foncière » pendant son mandat.
Innover avec la construction hors-site
La construction hors-site, ou modulaire, est une autre innovation clé. En préfabriquant des éléments en usine avant leur assemblage sur le chantier, cette méthode réduit non seulement les délais de construction, mais pas que. La chartre du hors site inclut également la réduction de la consommation énergétique, la limitation de l’usage de l’eau et l’optimisation des performances énergétiques des bâtiments grâce à une meilleure précision de construction, possible avec le travail en usine. Toulouse servira de bêta test de grande ampleur. L’écoquartier de la Cartoucherie abritera en effet le plus grand programme de logements bas carbone construits hors-site, prévu pour être livré d’ici 2030.
D’autres projets innovants en matière de construction verte en France et en Europe
Le projet « Arboretum » à Nanterre
Initié en 2021, ce campus de bureaux en bois massif est un projet de BNP Paribas Real Estate et Woodeum. Inauguré en septembre dernier par Emmanuel Macron, il s’agit de l’un des plus grands ensembles en bois au monde.
La Cité Universelle à Paris
La construction de la Cité Universelle promet d’être le plus grand hôtel de France avec 100 % de chambres accessibles. La ville de Paris a accordé son permis de construire fin 2023 et la livraison du projet est prévue pour 2027. Ce complexe à haute performance environnementale se concentre sur l’inclusivité et l’efficacité énergétique, répondant aux nouvelles normes écologiques de la capitale.
L’écoquartier « ZAC Clichy-Batignolles » à Paris
Ce projet ambitieux, lancé en 2019, a vu la finalisation de plusieurs bâtiments clés en 2022. Ce projet est une vitrine de l’urbanisme durable à Paris. L’écoquartier s’étend sur 50 hectares et propose des bâtiments à faible consommation énergétique, alimentés par des énergies renouvelables comme la géothermie.
The European Spallation Source (ESS) à Lund, Suède
Le projet ESS, en construction depuis plusieurs années, a franchi une étape importante en 2021 avec des développements majeurs sur les infrastructures écologiques. Ce projet, qui devrait être pleinement opérationnel en 2025, utilise des techniques innovantes de gestion de l’énergie. Il intègre des technologies vertes et des matériaux durables pour réduire son impact environnemental. L’ESS est aussi pensé pour être à énergie positive grâce à l’utilisation de sources d’énergie renouvelables et à une conception optimisée pour la réduction des émissions de CO2.
Le quartier « Ecovillage » à Copenhague, Danemark
Initié en 2022, l’Ecovillage de Copenhague s’inscrit dans la stratégie de la ville pour devenir neutre en carbone d’ici 2025. Ce quartier est conçu pour minimiser son empreinte environnementale, avec des logements construits en bois, des toits végétalisés et des infrastructures favorisant les mobilités douces (vélo, piéton). L’Ecovillage est aussi équipé de panneaux solaires et de systèmes de gestion de l’eau et des déchets éco-responsables.
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